Reconversion de friche : les outils ADEME pour gagner sur tous les tableaux 

Réhabiliter une friche coûte plus cher que d’aménager un espace naturel. Pourtant, et en dépit du prix des travaux, cela peut se révéler gagnant. En se posant les bonnes questions à chaque étape, les territoires peuvent en tirer des bénéfices aussi bien économiques que sociaux et environnementaux.


01 PLANIFICATION

Quel potentiel foncier ?

Les collectivités se penchent souvent sur leurs friches quand un aménageur propose de réhabiliter un site, ou parce qu’elles souhaitent supprimer une verrue dans le paysage. Toutefois, peu se questionnent sur l’adéquation entre le projet envisagé et l’endroit prévu. « Mieux vaudrait réaliser un recensement et une analyse de tout le foncier “déjà artificialisé” avant de se lancer dans des projets de reconversion, rappelle Laurent Chateau, coordinateur national Friches à l’ADEME. Nous encourageons la réalisation de tels inventaires qualifiés. » (Lire p. 14).

Bon à savoir

Planisols est un dispositif d’accompagnement technique et financier proposé par l’ADEME pour l’intégration de la sobriété foncière, y compris du recyclage des friches, dans les stratégies territoriales.

02 ÉTUDE D’OPPORTUNITÉ

Reconvertir une friche, oui. Mais en quoi ?

Le premier réflexe est souvent de vouloir y construire des logements, pour maximiser les recettes liées à la vente de charges foncières. Or, il y a parfois plus à gagner à s’intéresser au contexte. « Évaluer la mutabilité d’un site en fonction de son environnement est le préalable à la définition du “bon usage au bon endroit”, poursuit Laurent Chateau. D’autres reconversions, auxquelles on ne pense pas, peuvent être plus adaptées et répondre à d’autres enjeux locaux (développement économique, besoin d’îlots de fraîcheurs, etc.). C’est pourquoi nous avons créé un module dédié, dans l’outil Bénéfriches (voir paragraphe 03). »

Bon à savoir

Cet outil indique le potentiel de mutabilité d’une friche en fonction de ses caractéristiques (taille, activité passée, bâti…) et du contexte local (taux de logements vacants, présence d’une zone naturelle protégée…). Ce module gratuit évalue la pertinence de différents usages futurs : résidentiel ou mixte, équipements publics, site culturel ou touristique, bureaux, industrie, renaturation, ou encore parc photovoltaïque. Il est intégré à l’outil Bénéfriches (voir paragraphe suivant) et est utilisable par tout observatoire local des friches.

03 PASSAGE À L’ACTION

Pour quels bénéfices ?

« La reconversion d’une friche peut avoir des retombées positives qui aident à relativiser le coût réel du projet : amélioration du cadre de vie, création d’emplois, recentralisation de la ville induisant moins de déplacements, donc moins d’émissions de CO2, économies réalisées en entretien de réseaux (routes, eau…), etc., rappelle Laurent Chateau. En prendre conscience aide à passer à l’action. »

Bon à savoir

Bénéfriches quantifie et monétarise ces bénéfices. Gratuit, l’outil permet aussi de tester différentes variantes (mixité des usages, nombre de logements, surfaces d’espaces verts…) pour en optimiser les impacts.

J’utilise Bénéfriches comme un outil de construction de mes projets. Je modifie les surfaces de bâti, d’espaces verts et de voiries jusqu’à arriver à un équilibre intéressant entre impact et bilan d’opération.

Cyril Lagarde, directeur général de Coop Habitat Bourgogne

04 ÉTUDES PRÉALABLES ET RÉALISATION

Combien la dépollution va-t-elle coûter ?

Si Bénéfriches est utile pour esquisser le projet, un diagnostic et un plan de gestion, réalisés par un bureau d’études certifié, sont nécessaires avant de se lancer. Cela permet de fixer les objectifs de dépollution à atteindre, mais aussi de déterminer les techniques de traitement adaptées et leurs coûts.

Bon à savoir

Le Fonds vert peut financer ces études et travaux. Accordée par le préfet de Région, cette aide est instruite par l’ADEME quand il s’agit d’anciennes installations industrielles classées pour l’environnement (ICPE), et par les directions départementales des territoires (DDT) dans les autres cas.